Chapitre 3

Un nouveau corps

De retour du poste de police, Christian déposa ses clichés sur son pupitre déjà encombré. Il enleva son veston en cuir et l’accrocha à la patère en pensant à Alexei. « Je dois trouver une façon de lui procurer les pièces à conviction qui lui permettraient d’identifier l’assassin, avant qu’il ne frappe à nouveau », songea-t-il. Le policier se laissa tomber dans son fauteuil juste au moment où l’inspecteur Mélissa Dalpé mettait le nez dans l’embrasure de la porte.

— As-tu eu du succès ? s’informa-t-elle.

— Alex ne reçoit aucune image psychique en touchant les photos, déplora Christian. Il lui faut mettre la main sur les ossements des victimes.

— Tu ne vas pas les faire exhumer, tout de même ?

— Je le pourrais, techniquement.

— Leurs familles ne seront pas d’accord.

— Je pourrais aussi leur demander de me fournir les vêtements qu’ils portaient.

— Je suis prête à parier que la plupart les ont jetés. En tout cas, moi, c’est ce que j’aurais fait à leur place. Tu veux que je les appelle pour m’en assurer ?

— Ouais, je pense que ça devrait être toi plutôt que moi. Je ne suis pas un diplomate-né.

— Je sais. C’est pour ça que je te le propose.

Un policier se présenta alors à la porte, un air grave sur le visage.

— Inspecteur Pelletier, on vient de trouver un autre corps, annonça-t-il.

— Un enfant ? demanda Métissa.

L’homme hocha tristement la tête.

— À première vue, il semble que ce soit encore votre insaisissable tueur.

Christian bondit de son siège et s’empara de son veston. Mélissa décida aussitôt de l’accompagner, histoire de l’empêcher de ravir le corps de l’enfant et de l’apporter à Alexei Kalinovsky.

Ils montèrent dans le VUS de Christian et filèrent vers l’est de Montréal. Sur l’avenue qui menait jusqu’au parc, des voitures de police barraient déjà la route aux curieux. Elles laissèrent passer les inspecteurs, qui eurent tôt fait de se faufiler sous les rubans jaunes délimitant la scène du crime, au pied d’une boulaie. En s’approchant de l’endroit où on avait découvert la victime, Christian observa attentivement les alentours. Le tueur avait couru le risque d’être découvert en assassinant la jeune victime dans un endroit fréquenté par tous les enfants de ce quartier ouvrier. « À moins qu’il se soit seulement débarrassé du corps ici…» songea-t-il.

Les deux inspecteurs s’arrêtèrent près d’un policier qui essuyait ses larmes, tandis que son confrère le réconfortait de son mieux. « On ne s’habitue jamais vraiment à ce genre d’horreur », songea Christian en s’accroupissant pour analyser la position du corps.

Claude Toulouse, le photographe du coroner, venait de faire un dernier cliché de la fillette étranglée.

— C’est encore ton maniaque, dit-il à Christian.

— Est-ce que je pourrais avoir un morceau de tissu ou une mèche de cheveux de l’enfant ?

— Tu connais le règlement, Christian, s’interposa Mélissa. On ne peut rien prendre avant que le rapport soit rendu et seulement si la famille est d’accord.

— Je ne vois pas pourquoi la famille ne serait pas d’accord. J’essaie de mettre la main au collet du salaud qui vient de tuer leur fille !

Sentant que Christian allait se mettre en colère, Mélissa le saisit par le bras, l’obligea à se lever et le fit reculer.

— Calme-toi, chuchota-t-elle à son oreille.

Tous les policiers s’étaient tournés vers lui. Certains comprenaient ce qu’il ressentait. Les autres lui recommandaient silencieusement de reprendre son sang-froid.

— Je suis certaine que tu pourras obtenir tout ce qu’il te faut une fois que le corps sera à la morgue, poursuivit Mélissa. Le coroner t’aime bien.

Christian se ressaisit et poursuivit son observation des lieux, même s’il savait qu’il ne verrait rien. Le tueur qu’il cherchait était l’un des plus méticuleux qu’il lui avait été donné de traquer depuis le début de sa carrière. L’équipe de ratissage lui fournirait son rapport dans quelques heures. Il retourna donc à son bureau, seul cette fois, et se plongea une fois de plus dans l’étude de cette affaire.

Contrairement à la majorité des hommes, Christian n’avait jamais éprouvé le besoin de fonder une famille, mais cela ne voulait pas dire qu’il n’aimait pas les enfants. Il adorait ses neveux qu’il voyait aussi souvent qu’il le pouvait. Les visages des jeunes victimes lui donnaient un pincement au cœur chaque fois qu’il regardait leurs photos.

Même si la moitié du personnel considérait qu’il faisait souvent preuve d’une hardiesse exagérée, en réalité, Christian respectait les protocoles de sa profession pour toutes ses enquêtes. Méticuleux, il s’acharnait plutôt à chercher le fil conducteur qui le mènerait jusqu’au coupable. « Si je ne peux pas ramener les victimes à Alexei, il ne me reste qu’à lui apporter un objet qui lui permettra d’utiliser ses fabuleux pouvoirs de psychométrie », songea le policier.

Il rentra chez lui au milieu de la soirée et ne dormit que quelques heures d’un sommeil agité. Ce qu’il s’apprêtait à faire était déraisonnable, mais il n’avait plus rien à perdre. Il fit sa toilette, s’habilla et fila à la morgue, afin d’y arriver avant le médecin légiste. Il y contourna un jeune couple en pleurs, mais n’eut pas le temps de leur demander s’ils étaient les parents de la dernière victime, car le chef de service venait de l’apercevoir.

— Inspecteur Pelletier, venez par ici, je vous prie.

— Vous êtes enquêteur ? demanda la femme qu’il venait de croiser.

Christian pivota sur ses talons.

— C’est exact.

— Savez-vous qui a tué notre petite Mathilde ?

— Pas encore, mais avec votre aide, je pourrai certainement l’identifier.

— Comment ? voulut savoir le père en essuyant ses larmes du revers de la main.

— Donnez-moi la permission de découper de petits morceaux des vêtements que portait votre fille lorsqu’on l’a trouvée.

— Pour prélever l’ADN du meurtrier ?

— Pas tout à fait…

— Pour que vos chiens puissent suivre sa trace, alors ?

Christian soupira de découragement, car il ne savait pas comment leur expliquer ce qu’il avait l’intention de faire.

— Si vous ne voulez pas nous dévoiler vos intentions, vous ne prendrez rien sur notre fille, l’avertit la mère. J’ai entendu à la télévision qu’un homme aux États-Unis se servait de morceaux de vêtements de gens assassinés lors de messes noires.

— Ça ne fait pas partie des pratiques de la police, s’opposa Christian.

— Dites-nous ce que vous en feriez, insista le père.

— Je connais un homme qui a des pouvoirs surnaturels. Il pourrait…

La mère hurla de rage et fonça sur le policier, toutes griffes dehors. Christian était certes en mesure de se soustraire à cette attaque, mais le mari attrapa sa femme par la taille.

— Je vous défends de toucher à ma fille ! cria-t-elle.

Elle continua à vociférer tandis que son conjoint l’entraînait plus loin.

— M’accorderez-vous un peu de votre temps, maintenant, inspecteur ? fit le médecin, qui avait assisté passivement à la scène.

— Remontez-moi le moral, docteur Verdon.

Christian le suivit jusqu’à son laboratoire.

— Je sais que vous travaillez sur ce dossier depuis des mois, alors je vous ai préparé un rapport préliminaire, lui apprit l’homme d’une cinquantaine d’années.

Les yeux bleus de Laurent Verdon étaient aussi clairs que ceux de l’homme-loup, mais c’était tout ce qu’ils avaient en commun. Ce médecin légiste était l’être le plus cultivé que Christian connaissait, et son savoir s’étendait bien au-delà de sa profession.

— J’ai rarement vu des criminels aussi soigneux que celui qui vous intéresse, inspecteur Pelletier.

— Mais ils finissent tous par commettre une maladresse. Je finirai par lui mettre la main au collet. Merci pour le rapport. Si vous tombez sur d’autres indices durant l’autopsie, n’hésitez pas à m’appeler.

— Cela va de soi, mais avant de partir, parlez-moi de cet homme qui jouit de pouvoirs prodigieux.

— C’est un médium qui m’a permis d’identifier toutes les victimes du chef de la secte de la montagne.

— Celui qui n’avait qu’à mettre la main sur un ossement pour deviner à qui il appartenait, c’est bien cela ? J’ai d’abord eu du mal à y croire, mais les analyses d’ADN qui ont été effectuées par la suite sur les restes des disciples ont prouvé ses dires. Croyez-vous vraiment qu’il pourrait vous aider à attraper votre meurtrier ?

— J’en suis persuadé, mais il me faudrait d’abord obtenir quelque chose ayant appartenu aux victimes.

— Je ne peux malheureusement rien vous remettre sans l’autorisation de leurs familles. Mais puisque je vous aime bien, je leur en ferai tout de même la demande, à ma manière.

— Je vous en serais vraiment reconnaissant.

— Tout comme vous, je veux que ce maniaque finisse sa vie en prison, bien que dans une telle situation, je ne serais pas contre la peine de mort.

Le médecin déposa une chemise brune dans les mains de Christian et entra dans la salle d’autopsie. Sa curiosité l’emportant, le policier commença à en consulter le contenu tandis qu’il retournait à son bureau. Ce document ne lui apprit cependant rien de nouveau. On aurait même dit une copie conforme des rapports qu’on lui avait remis après chaque crime.

Christian se versa un café et poursuivit sa lecture à son pupitre. Le dossier ne comportait aucune piste tangible. Mélissa vint alors s’asseoir devant lui.

— J’ai réussi à parler à la plupart des familles, l’informa-t-elle.

Il adressa un regard implorant à sa collègue.

— Je ne leur ai pas parlé d’Alex et de ses talents particuliers. Je leur ai simplement dit que nous voulions effectuer des analyses supplémentaires et comparer les résultats à ceux que nous avions accumulés dans nos bases de données, ce qui n’est pas tout à fait faux.

— Est-ce que je t’ai déjà dit que je te trouvais brillante ?

— Oui, mais pas assez souvent. Pour éviter de faire encore souffrir ces pauvres parents, je leur ai expliqué qu’ils n’étaient pas obligés de revenir ici. Je vais aller chercher ces objets chez eux.

— Je t’en dois une, Dalpé.

— As-tu mangé ?

— Pas encore.

— Accompagne-moi au restaurant du coin. J’ai besoin de prendre des forces. C’est toi qui paies.

Christian n’avait pas vraiment faim, mais il avait besoin de se changer les idées. Il referma la chemise et suivit volontiers Mélissa jusqu’au petit établissement. Son propriétaire avait l’habitude de servir à toute heure du jour des repas aux policiers qui travaillaient à deux pas de chez lui. Il connaissait même tous leurs goûts. Alors, sans qu’ils n’aient à commander quoi que ce soit, les deux inspecteurs virent bientôt apparaître devant eux leurs plats préférés.

— De quelle façon devrai-je diviser les objets que je recueillerai tout à l’heure ? demanda Mélissa.

Perdu dans ses pensées, Christian sursauta comme s’il venait de s’apercevoir que la jeune femme était là.

— La Terre appelle Pelletier ! Répondez, Pelletier !

— Pardonne-moi. J’avais la tête ailleurs.

— Est-il trop indiscret de demander où ?

— Nulle part en particulier. Que me disais-tu ?

— Dis-moi comment organiser les objets pour faciliter le travail d’Alexei.

— Place-les dans des sacs en plastique et assure-toi qu’ils ne puissent pas entrer en contact les uns avec les autres. Il faut éviter toute contamination psychique.

Il se mit à manger pour ne pas être obligé de lui expliquer pourquoi il devenait de plus en plus ferré sur le sujet.

— Christian, pourquoi prends-tu ce dossier tant à cœur ?

— Mais je prends tous mes dossiers à cœur, voyons !

— Ça fait longtemps qu’on travaille ensemble, et je ne t’ai jamais vu aussi acharné à capturer un fantôme.

— Je veux seulement l’empêcher de tuer un autre entant.

Christian baissa les yeux sur son assiette et poursuivit son repas, même s’il était évident qu’il n’avait pas d’appétit. Mélissa devina tout de suite qu’il lui cachait quelque chose, mais qu’elle n’arriverait pas à le découvrir ce matin-là. Elle avait appris à identifier les diverses expressions du visage de son collègue et elle comprit qu’il venait de se refermer comme une huître.

 

Le faucheur
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